S’il y a bien quelque chose à laquelle nous, les femmes, sommes confrontées, c’est une certaine injonction à modifier notre apparence pour entrer dans le moule de ce qui est, ou ne serait pas, esthétique, beau, acceptable, etc. Véhiculées par la société, la publicité et les médias dans leur ensemble, ces injections sont bien souvent contradictoires. Il faudrait être mince mais pas maigre, avoir des formes mais la taille fine et le ventre plat, il faut prendre soin de soi mais pas trop se maquiller, il faudrait être naturelle sans être artificielle tout en n’ayant pas l’air négligée ou parfois…vieille, tout simplement.
J’ai fait de la chirurgie esthétique et reconstructrice ma passion. Un domaine qui reste souvent méconnu, aux prises avec – encore – quelques clichés. Elle apparait alors comme une façon quelque peu superficielle et facile d’entrer dans ce moule.
Pour autant, et peut-être encore plus en tant que femme chirurgienne, ce que j’aime dans mon métier, c’est plutôt faire en sorte qu’une personne – homme ou femme – se sente en accord avec soi-même. Et non pas qu’elle se fonde dans la masse et les tendances de la beauté éphémères à tout prix.
Vous avez, à ce titre, certainement entendu parlé de la nymphoplastie, cette chirurgie qui vise à réduire la taille des petites lèvres de la zone intime chez la femme. Mais pourquoi vouloir réduire la taille des petites lèvres de la vulve ? La chirurgie esthétique pousserait-elle le bouchon un peu loin ?
Loin des stéréotypes de ce que devrait être une vulve esthétiquement acceptable, car il en existe de forme et d’apparence diverses et variées (comme le serait une oreille ou un nez !), il s’agit avant tout d’apporter un mieux-être, à la fois psychologique et fonctionnel, à une femme.
L’anatomie de la vulve
La vulve fait référence aux organes génitaux externes qui entourent le vagin, celui-ci étant l’organe génital interne. La vulve se compose donc des lèvres : les grandes et les petites. Les grandes lèvres sont situées plus à l’extérieur, et sur lesquelles poussent les poils pubiens et sont composées de tissus cutanés, comme la peau du reste du corps. Les petites lèvres sont nichées à l’intérieur des grandes lèvres et sont composées de muqueuses (comme les lèvres de la bouche par exemple).
Les grandes et les petites lèvres sont de forme, de taille, de longueur mais également de couleur différente en fonction des femmes. Contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, il est parfaitement normal d’avoir des lèvres qui peuvent être différentes de ce que l’on peut voir sur Internet. Elles peuvent aussi ne pas être symétriques. Il n’y a par ailleurs pas de longueur standard pour les lèvres de la vulve. Toutefois, une hypertrophie est possible, autrement dit des lèvres excessivement longues. Ce n’est d’ailleurs pas le signe d’une pathologie et, si cela ne vous pose aucun problème, il n’y a aucune raison de réaliser une nymphoplastie.
Pour quelles raisons une réduction des petites lèvres peut elle être envisagée ?
On peut avoir recours à une nymphoplastie (ou labiaplastie) pour des raisons purement médicales car l’impact de la taille des petites lèvres peut générer de véritables gênes au niveau fonctionnel. En effet, des lèvres trop grandes peuvent occasionner un inconfort, parfois même des douleurs, que ce soit dans la vie de tous les jours ou dans la sexualité.
Si elles sont particulièrement longues, celles-ci peuvent causer de la douleur pendant les rapports sexuels, en rentrant à l’intérieur du vagin par exemple. Elles peuvent être source d’irritation, même en portant des sous-vêtements, ou tout simplement lorsque vous effectuez des mouvements parfaitement naturels : en marchant, en courant, en faisant du sport, etc. Cela peut réellement perturber votre vie au quotidien.
La gêne peut devenir psychologique, et se transformer en complexe. Certaines femmes perdent confiance en elles en raison de l’aspect de leur vulve, vis-à-vis d’elles-mêmes, mais aussi vis-à-vis de leur partenaire. Et je ne suis pas là pour les juger.
Nymphoplastie + lipofilling : labiaplastie combinée
Les grandes lèvres peuvent également perdre de leur pulpeux avec le temps qui passe, ou en raison de plusieurs accouchements. Elles deviennent plus fines et s’atrophient. Cet aspect distendu, comme vidé, a en plus pour effet d’accentuer la longueur des petites lèvres, mais aussi de moins bien protéger la zone.
Voilà pourquoi une nymphoplastie est souvent associée à un lipofilling des grandes lèvres pour rééquilibrer les volumes de cette zone intime, tout en respectant l’anatomie qui est propre à chacune.
Cette intervention est réalisée en une fois : je réalise une réduction des petites lèvres, en respectant l’anatomie et les bonnes proportions, puis, des injections de graisse autologue – c’est à dire provenant du corps de la patiente elle-même – dans les grandes lèvres. Parfois, il est possible de réaliser d’abord le transfert de graisse (lipofilling) : en redonnant du pulpeux à la zone, les petites lèvres sont d’ores et déjà plus camouflées, et nécessitent alors une réduction moins importante, voire aucune.
Le cas des très jeunes femmes
Certaines jeunes femmes, voire des adolescentes, peuvent venir au cabinet car elles sont complexées par leur vulve du fait que cette dernière ne rentre pas dans les “canons de beauté” actuels. Bien qu’aucun jugement ne soit posé, je veille cependant à bien discuter et échanger avec elles et notamment à les rassurer sur l’apparence de leur zone intime. Car il y a tant de variations de forme, tailles et couleurs en la matière ! Je les encourage même à jeter un œil à l’installation artistique The Great Wall of Vagina, de l’artiste britannique Jamie Mc McCartney, représentant plus de 400 moulages de vulves de différentes femmes. Cela permet de se rendre compte de la grande diversité en la matière, de mieux appréhender son corps et de se rendre compte qu’il n’y a pas qu’un seul type de sexe féminin – bien souvent avec des petites lèvres, rentrées et une vulve “lisse”.