Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’adolescence est “la période de croissance et de développement humain qui se situe entre l’enfance et l’âge adulte, entre 10 et 19 ans.”
Bien qu’il s’agisse d’un épiphénomène, les demandes d’intervention en chirurgie esthétique pour les adolescents ont une tendance à la hausse ces temps-ci. Mais à cet âge charnière si particulier fait de doutes et de questionnements, tout changement physique peut avoir un impact important sur la psychologie et le bien-être futur de l’adolescent.
Il est important que les opérations à l’adolescence ne soient jamais prises à la légère et soient réalisées, si elles le sont, après mûre réflexion. Inclure les parents est primordial, d’une part car légalement jusqu’à 18 ans le consentement des parents est indispensable mais également car rencontrer l’adolescent avec sa mère, son père ou les deux, permet de parler ouvertement de ce qui le ou la dérange, et d’établir un constat global. Toutefois, il est aussi impératif de laisser l’adolescent s’exprimer et de lui faire confiance.
Quels sont les motifs de consultations les plus courants ?
Les adolescents consultent majoritairement pour 3 motifs :
- Les seins, lorsque ceux-ci ne se sont pas ou peu développés à la puberté ou au contraire lorsqu’il y a une hypertrophie mammaire (chez le jeune homme, cela s’appelle une gynécomastie), des seins tombants ou malformés
- Le nez : trop long, trop épais, bossu, de travers…
- La silhouette, notamment les hanches et la culotte de cheval
La médecine esthétique, ces techniques d’embellissement sans chirurgie, a aussi le vent en poupe chez certaines jeunes femmes parfois à peine majeures et dont les demandes sont directement liées à ce qu’elles voient sur les réseaux sociaux : à l’image des célébrités qu’elles “suivent”, elles souhaitent déjà redessiner l’ovale de leur visage, augmenter le volume de leurs lèvres ou remonter la queue des sourcils. Des demandes qui doivent alerter.
Quel est l’âge minimal pour avoir accès à la chirurgie esthétique ?
La plupart des chirurgiens s’accordent sur le fait que les adolescents analysent assez bien leur problème. La très grande majorité d’entre eux ne souhaite pas ressembler à une star ou à quelqu’un d’autre, mais bien se débarrasser d’un complexe, qui est parfois très dur à vivre. Tous les adolescents ne sont pas déconnectés de la réalité, loin de là, et ils sont nombreux à savoir évaluer leur apparence. Au même titre que les adultes !
Il n’en reste pas moins que pour subir une intervention de chirurgie esthétique, une maturité psychologique doit être établie. Bien souvent un véritable complexe est à la source de la demande venant des très jeunes patients et, une fois la chirurgie effectuée, tout s’arrange. C’est notamment le cas des jeunes filles avec une très forte poitrine : le bénéfice ici est triple, à la fois psychologique, esthétique et fonctionnel.
Pas question pour autant d’intervenir trop tôt, sauf pour l’otoplastie (la chirurgie des oreilles décollées) qui peut se réaliser dès 7 ans. En effet, le mieux est d’attendre la fin de la puberté, car bon nombre d’attributs physiques continuent de se modifier durant cette période : le nez, les seins, bref tout le corps ! Par exemple, une intervention mammaire a rarement lieu avant 17 ans, en dehors d’une malformation comme des seins tubéreux très invalidants psychologiquement.
Dans tous les cas, la chirurgie esthétique nécessite une autorisation parentale chez les mineurs. En effet, que les parents se rassurent : un adolescent ne peut pas passer à l’acte sans le consentement écrit des deux parents. D’autant qu’il est préférable que tout le monde adhère à ce projet. Le mieux est donc d’en parler avec ses parents puis de prendre rendez-vous pour avoir l’avis du chirurgien.
Adolescence et chirurgie esthétique : le chirurgien peut refuser
Comme pour n’importe quel patient, un chirurgien est en droit de refuser une intervention, et même doit la refuser s’il juge qu’elle est contre-indiquée.
Deux consultations, voire trois dans certains cas, seront nécessaires pour déterminer si oui ou non l’intervention est pertinente et pour permettre surtout de faire le tri entre les demandes qui dénotent un vrai complexe lorsqu’il y a une disgrâce plus ou moins prononcée des demandes plus “farfelues” d’une quête d’identité ou d’appartenance.
Le chirurgien va également observer…les parents ! Ainsi, il va pouvoir s’assurer que la demande ne vient pas d’eux, ce qui peut être le cas pour tous les types de chirurgie.
Il faut faire confiance à l’adolescent et lui permettre d’exprimer clairement à la fois ce qui lui pose problème et son souhait.
Faut-il absolument faire appel à un psychologue ?
Cela reste exceptionnel, mais c’est néanmoins nécessaire si l’adolescent(e) a été victime de troubles obsessionnels du comportement, comme notamment l’anorexie ou la boulimie.
Le travail du chirurgien, comme chez les adultes, est de déceler toute contre-indication psychologique telle que la dysmorphophobie et d’orienter l’adolescent, le cas échéant, vers un thérapeute.
Aujourd’hui, les adolescents sont de mieux en mieux informés des possibilités qu’offre la chirurgie esthétique. À ce titre, il faut que leurs demandes soient réellement entendues et ne surtout pas les infantiliser. Instaurer un rapport de confiance individuel est essentiel de la part du chirurgien, mais également des parents : dénigrer ou moraliser leur demande peut être très mal vécu en amplifiant davantage le complexe, et parfois pousser l’adolescent à se renfermer davantage sur lui-même, voire le bloquer complètement selon son type de personnalité.
Le dialogue et la bienveillance sont primordiaux dans le traitement des demandes de chirurgie esthétique chez les adolescents, d’autant qu’en France, le processus de réflexion est suffisamment encadré pour éviter toute dérive.